Histoire de l'art et comportements

Mon rapport à l'histoire de l'art, ce lourd héritage, est à la fois profondément respectueux et iconoclaste. Je ne croyais pas à la créativité spontanée.

D'une part, c'est le crayon et le pinceau à la main que je me suis efforcé de communier avec la force intérieure des grandes œuvres, leurs tensions structurelles de l'espace, de la vie colorée. En effet, au-delà des savoir-faire, dessiner n'est pas regarder; décrire oralement, dessiner dans l'espace contraint d'une feuille engage notre comportement. Pour chaque peintre j'ai donc tenté d'approcher les diverses façons d'articuler ses intentions, ses
attentes pour atteindre un « fait pictural » singulier, une articulation du savoir et du sentir qui témoignerait de son rapport complexe au monde, une incarnation en formes et couleurs.

Inversement, au travers de découpages de reproductions «recolorées» à la main ou modulées à l'aide de l'ordinateur, j'ai provoqué des rencontres stylistiques anachroniques qui me semblaient pouvoir éclairer mes propres articulations intuitives de peintre autodidacte. Au-delà du formalisme, ces audaces semblent avoir élargi ma conscience du potentiel inépuisable de la peinture, de mes attentes. Elles ont nourri mon obstination.

Rencontres iconoclastes :